Les Chroniques de l'Imaginaire

La tombe - Lovecraft, H.P. & Bastian, D.D. & Cammarata, Nino

Jervas Dudley a passé toute son enfance à lire. Fasciné par des événements à l’orée de la normalité, persuadé de faire des rencontres fantastiques dans le domaine où il vit, la tombe cachée dans une crypte de la villa des Hide (une famille décimée au fil des ans) l’attire irrésistiblement.

La villa n’est plus que ruine suite à un incendie provoqué par un orage. Le bâtiment aurait été le théâtre de nombreuses dépravations, de fêtes et de rituels occultes.

Jervas est pris d’une obsession : arriver à ouvrir la crypte mystérieuse, protégée par une chaîne et un cadenas. Quand la clé lui apparaît, le jeune homme peut enfin assouvir sa curiosité. Et peu à peu, il est envoûté par le lieu, au point de venir y passer toutes ses nuits…

Parue en mars 1922 dans la revue The Vagrant, La tombe est l’une des toutes premières nouvelles éditées et surtout l'une des moins connues de Lovecraft. Elle rassemble pourtant tous les éléments qui ont fait le style et la renommée — tardive — de Lovecraft : un jeune homme, de la curiosité mêlée de fascination, des événements mystérieux dont il ne peut rien dire, un lieu étrange et attirant, et une fin où la réalité bouscule les convictions du personnage.

Au fil des ans, beaucoup d’artistes se sont emparés de l’œuvre de l’écrivain afin de le transcrire en images, et il faut avouer que cette mouture-ci est de très bonne facture. Loin d’un Gou Tanabe plutôt baroque en format manga, on est plus dans la sobriété et un certain classicisme dans le traitement de l’histoire. Les jeux d’ombres sont très bien utilisés, montrant la lisière de la conscience de Jervas et nous faisant nous aussi douter de ce que le jeune homme peut voir, ou seulement imaginer. Les éléments fantastiques sont tout aussi intriguant et nous ouvrent un pan mystérieux du domaine et de la forêt où Jervas a passé son enfance, et dont il refuse de parler à quiconque.

Une bonne BD qui adapte très bien cette nouvelle de Lovecraft, où on a déjà certains éléments que l’auteur réutilisera dans d’autres récits.