A la recherche de leur bonne fortune, Vlad et Dimitri parcourent les territoires jusqu'à ce qu'un signe leur intime de rester quelque part. C'est en écoutant au coin du feu une poignée d'hommes que Dimitri saisit l'occasion : là, ils peuvent trouver de l'or. Vlad n'a que faire de la richesse, il aspire à une vie paisible, tranquille. Agacé, il s'éloigne et fait une rencontre surprenante, qui changera le cours de sa vie. Une femme se défait de sa peau de loutre sous ses yeux. Elle deviendra son épouse.
Eilin est le fruit de leurs amours. Mais si elle vit toujours aux côtés de Vlad, qui a su faire prospérer une ville là où lui et Dimitri ont posé leurs maigres bagages, sa mère est partie il y a bien longtemps. Être magique entre deux mondes, celui des hommes et celui des créatures de la montagne, elle n'a pas pardonné à son mari ce qu'elle estime être une trahison. Depuis, Eilin grandit aux côtés de ses amis et de son père qui les initie aux sciences, à la recherche et à l'ingénierie.
A mesure que la ville prend de l'importance, le besoin se fait sentir d'aller chercher de nouvelles ressources sur la montagne voisine, qui n'entend pas se laisser faire. Démarre alors une bataille à laquelle Eilin devra prendre part malgré elle. Car elle est fille d'une femme loutre, détentrice d'un pouvoir insoupçonné qu'elle devra apprivoiser. Comment parviendra-t-elle à trouver sa place dans ce nouveau chaos ?
Anna Júlia Benczédi propose un album richement illustré, offrant des planches empreintes d'une lumière douce. Elle se met au service du scénario de Maria Surducan, qui fait la part belle aux légendes d'Europe de l'est. L'histoire est intéressante et plaisante, avec la mise en place au juste rythme de l'entente cordiale entre les humains et la montagne. Le tour menaçant que prend le récit apporte du dynamisme. Mais on peut regretter une deuxième partie confuse dans laquelle les légendes interviennent de tous côtés. La dimension poétique de la première partie est étouffée par une atmosphère sombre difficile à suivre et moins convaincante. C'était bien parti mais au final, la lecture d'Eilin du fond de l'eau n'aura pas été satisfaisante jusqu'au bout.