Les Chroniques de l'Imaginaire

Barkhanes - Goddyn, Régis & Hautiere, Régis

Dans ce monde de mers asséchées, le désert a envahi de grands espaces, recouvrant les anciennes mégapoles. Des villes ont été recréées, constituées de tours sous bulles, où les riches et puissants occupent les étages les plus élevés, cependant que ceux qui vivent dans la basse-fosse n'ont à peu près aucun droit. Mais malgré cette hiérarchie oppressante, la vie y est quand même plus facile que dehors. Göndar peut en parler : il a réussi à entrer dans Neo-Amsterdam, et est prêt à tout pour y rester, sinon améliorer son statut. Quand une expédition archéologique est organisée, il saisit sa chance d'y participer. Louise Talbot n'a pas vraiment eu le choix en l'occurrence : il lui fallait quitter la ville et se faire oublier, et son père lui a trouvé cette planque provisoire.

Jayden et sa petite famille se sont fait expulser de Neo-Budapest trois ans plus tôt. Depuis, ils sont devenus récupérateurs et appartiennent à l'un des clans les moins violents de Radom, ce qui leur permet de vivre en écoulant les objets qu'ils trouvent dans les ruines des petites villes. Un jour, ils ont un gros coup de chance, et remontent des objets de valeur, avec la quasi-certitude que leur prochain voyage au même endroit sera encore plus rémunérateur, tant et si bien que Jayden décide de louer un half-track à un autre clan de Radom. L'affaire semble encore meilleure quand le clan en question est entièrement anéanti par une étrange prolifération florale.

Martha Lannecker n'apprécie guère la présence de Louise, qui s'est chargée de choisir les volontaires chargés de l'intendance, si l'aide militaire est impérative pour rejoindre la zone de fouilles, et la sécuriser une fois sur place. Après un voyage mouvementé, les mystères s'accumulent quant aux étranges structures découvertes par la tempête : trop régulières pour être naturelles, et faites d'un matériau inconnu. Personne n'arrive non plus à identifier ces sortes d'oeufs curieusement hypnotiques trouvés à proximité.

Ce roman écrit à quatre mains a un rythme vif, sans temps mort. L'alternance des points de vue permet de présenter une vision ample et variée de ce monde en perdition, comme de ceux qui l'habitent encore. La plus grande partie des événements se déroule dans le désert, qui donne son titre au roman. J'ai trouvé particulièrement intéressant de me sentir aussi perdue dans la géographie des lieux, en tant que lectrice, que les protagonistes peuvent l'être dans un univers sans point de repère facilement identifiable, et sans ville apparente.

Si certains personnages m'ont semblé manquer de nuance, il est vrai que le décor, et le thème post apocalyptique, s'y prête. Les personnages sont définis sans doute d'abord par le fait qu'ils ont survécu dans des conditions que nous ne pouvons véritablement imaginer. En cela, ils sont crédibles et appropriés.

En tout cas, ce roman, à la fort belle couverture signée Aurélien Police, est une lecture facile, mais qui peut aussi faire réfléchir non seulement à notre société actuelle, mais à ce que nous souhaitons pour notre avenir, si du moins nous préférons éviter que celui-ci contienne des barkhanes...