Osric Mordaunt est un assassin Fyren, l'un des meilleurs. Aussi séduisant qu'arrogant, il a l'habitude qu'on le craigne, pas qu'on se moque de lui. C'est pourtant ce que fait Aurienne Fairhrim quand il débarque dans son bureau. Elle, l'une des meilleures guérisseuses Haelan, soigner un assassin ? Laissez-moi rire.
Osric n'en démord pas. Il est atteint d'une maladie incurable et invalidante, or les membres de son Ordre ne prennent jamais leur retraite : quand ils ne sont plus au top de leur forme, ils sont éliminés. Il a donc besoin d'une guérisseuse exceptionnelle, pour explorer des pistes improbables (et peu scientifiques, au grand dam d'Aurienne...) et - peut-être - le sauver. Aurienne refuserait sans une hésitation, si ce n'était l'argent proposé : une somme colossale, dont son Ordre a désespérément besoin pour travailler sur un vaccin contre la Variole de Platt, et ainsi enrayer l'épidémie qui décime des milliers d'enfants.
Derrière ce titre alambiqué se cache une romance enemies-to-lovers vraiment sympa. Osric et Aurienne ne sont pas vraiment ennemis, la paix régnant par traité entre les Ordres, mais chacun des deux méprise l'autre profondément et ils n'acceptent de frayer ensemble que pour le travail. Aurienne est presque physiquement dégouttée par l'immoralité de l'impitoyable tueur, Osric déteste la froideur et la rigidité de la scientifique moralisatrice. L'une lutte pour la vie, l'autre donne la mort ; l'une suit la lumière, l'autre marche dans l'obscurité. A chaque rencontre, leur inimité éclate et ils se lancent des piques aussi acérées que les lames d'Osric, faisant des dialogues de purs moments d'humour grinçant et efficace.
L'histoire prend place dans un Royaume-Uni alternatif, quelques siècles en arrière, où la magie fait partie du quotidien. C'est prometteur, mais finalement peu exploité : les pierrevoies (des lieux de téléportation placés sur les lignes telluriques) servent aux protagonistes pour se déplacer à leur gré d'un bout à l'autre de l'archipel, les deofol (des animaux familiers aux formes physiques nébuleuses) pour communiquer de manière quasi instantanée. C'est un peu frustrant.
Les personnages secondaires n'ont guère plus de consistance, le récit étant entièrement porté par les deux protagonistes principaux. Lentement mais sûrement, ils se rapprochent, tout en se morigénant mentalement d'ainsi revoir leurs positions ! Le slow burn est crédible, l'évolution des relations strictement professionnelles vers des relations plus personnelles se faisant progressivement, au gré des épreuves traversées ensemble. Car l'intrigue, pour le coup, n'est pas creuse du tout. Leurs aventures nocturnes les soirs de pleine lune (pour suivre les fameuses pistes improbables et peu scientifiques) tournent rapidement à l'implication involontaire dans un complot de grande envergure qu'ils ne soupçonnaient aucunement.
Je me suis régalée avec cette romance lente mais puissante à l'humour décapant. Par contre, je reste sur ma faim car la fin nous laisse en plan aussi bien au niveau de la romance que de l'action : la suite dans le deuxième (et dernier ?) tome.
Cette page est une version simplifiée pour les robots. Pour profiter d'une version humaine plus conviviale, cliquez ici.
