Les Chroniques de l'Imaginaire

L'homme du dernier kilomètre - Lorentz, Virginie & Hermans, Anaëlle & Cénou, David

Les attentats du 13 novembre 2015 ont fait de nombreuses victimes et ont débouché sur un procès fleuve qui a duré plusieurs mois. Ali Oulkadi faisait partie des accusés qui comparaissaient libres. On le jugeait pour avoir transporté dans sa voiture Salah Abdeslam au lendemain des attentats. 

Or, jusqu’au jour où il l’a véhiculé, Ali ignorait que Salah s’était radicalisé et qu’il était l’un des auteurs des attentats meurtriers. Pendant plusieurs jours, Ali va hésiter à aller parler à la police, ressassant sans cesse son amitié avec Brahim, le frère de Salah, et son implication dans les attentats. Comment a-t-il fait pour ne rien voir, ne rien comprendre ? 

Quand il arrêté le 22 novembre, Ali est loin de se douter qu’il va passer plusieurs années incarcéré dans l’attente du procès, dont une bonne partie en isolement.

Cette BD nous raconte l’histoire d’Ali, qui s’est retrouvé sans le vouloir au cœur des attentats qui ont secoué la France. Son seul tort ? Avoir transporté Salah par amitié pour son frère, sans avoir jamais imaginé la radicalisation de son ami et de son frère. 

On découvre donc la vie d’Ali avant le jour fatidique, le quartier où il vit et où il développe des amitiés, en particulier avec Brahim qui tient un café où Ali passe beaucoup de temps. Par le biais de ses souvenirs, on comprend que jamais il n’aurait imaginé que Brahim et son frère étaient en train de se radicaliser au point de préparer un attentat à Paris. Pour Ali, le café de Brahim était un lieu convivial et décontracté où il pouvait discuter, jouer aux cartes, aux échecs, regarder la télé, voire fumer du cannabis en compagnie de ses amis.

On suit aussi Ali en prison, des quartiers d’isolement aux interrogatoires, où il a beaucoup trop de temps pour réfléchir à ce qui est arrivé. Pourquoi l’avoir impliqué lui ? Même avec du recul, Ali a du mal à comprendre pourquoi son ami est devenu un terroriste. 

Presque dix ans après l’horreur qui a frappé Paris, l’histoire d’Ali est intéressante à plus d’un titre. Déjà parce qu’elle est racontée par l’intéressé sous la plume de Virginie Lorentz et qu’elle nous montre surtout une histoire d’amitié, sans jamais occulter le côté « petite délinquance » de ce croissant pauvre de Bruxelles. 

Ensuite parce que c’est avant tout une histoire profondément humaine. De l’amitié qui lie Ali à Brahim, jusqu’à celle développée pendant le procès entre l’accusé et certaines parties civiles, qui le reconnaissent comme innocent presque d’emblée. 

La préface de Virginie Lorentz nous apprend comment ce projet est né et dans quel contexte. La postface écrite par Georges Salines, le père de Lola, une jeune fille décédée au Bataclan, est pleine d’émotion et de compassion.

Ce n’est pas une BD facile à lire, elle peut faire remonter de nombreux souvenirs de ce moment où la France a été attaquée dans ce qu’elle a de plus festif : les concerts, les matchs et les cafés. 

Mais j’ai trouvé que c’était une bonne BD, importante à découvrir pour mieux comprendre le parcours d'un homme qui n'aurait jamais dû se retrouver devant un tribunal.

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