A l'heure où les bombes explosent, Veda est au fond de son lit, s'étant trouvée trop mal pour aller travailler, et sa patronne, Gladys, est chez elle, à accomplir les tâches ménagères qui l'ont empêchée d'assister à ce déjeuner en ville où elle avait tant envie d'aller. Aucune des deux ne sait ce qui s'est passé. Dès qu'elle l'apprend, Gladys commence à se faire du souci pour son mari, Jonathan, qui devait être en ville, et pour ses enfants.
Après cette attaque surprise, les Etats-Unis en guerre s'organisent à la fois pour protéger et informer leur population, pour trouver et traiter les personnes touchées par les radiations, et riposter. Comme tous ses concitoyens, Gladys est suspendue à son poste de radio, et essaie d'assurer le quotidien. Ce n'est pas si facile entre une adolescente de quinze ans qui agit alternativement plus âgée et plus jeune que son âge, et une petite fille de cinq ans qui ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas aller jouer dehors, et réclame son père.
Quand Garson Levy, un professeur de Barbara, arrive en pleine nuit, elle pense mourir de peur. Peu à peu, toutefois, elle s'habitue à sa présence. Inversement, au fil des jours elle supporte de moins en moins l'attitude paternaliste et condescendante de son voisin, Jim Turner, devenu le responsable local de la sécurité.
Ce roman écrit par un auteur masculin (un Tom Clancy, un Dominique Lapierre, ou un Robert Merle, pour ne citer qu'eux) serait extrêmement différent, on l'a vu et lu. Ici, on ne voit pas les hommes chargés de prendre en compte les événements et d'y répondre, à un niveau ou à un autre. On voit une femme de la classe moyenne américaine des années cinquante, qui n'a jamais pris la peine d'apprendre quoi que ce soit concernant la physique nucléaire ou la façon de réparer une fuite de gaz. On suit comme elle les informations données à la radio, et on y croit puisque pendant longtemps elles sont les seules à nous parvenir.
L'autrice parvient à montrer habilement, sans avoir l'air d'y toucher, l'évolution du regard sur les hommes qui l'entourent de sa protagoniste principale. En effet, elle est d'abord en admiration devant Turner, et convaincue qu'il sait tout ce qu'il y a à savoir, avant de commencer à se méfier de ses intentions à son égard, et de s'opposer à lui. Ce changement intervient grâce à Veda, la servante en qui elle a confiance, et qu'elle a vu être maltraitée par les autorités sans aucune raison autre que sa couleur de peau, mais aussi grâce à Doc Levy, ce bricoleur savant, respectueux de ses désirs, et respecté à la fois par ses deux aînés et par le médecin qui prend le temps d'écouter ses inquiétudes pour ses filles.
Ces deux éléments font de ce roman une histoire originale dans son point de vue et son traitement d'un thème rebattu de la science-fiction des années cinquante aux années quatre-vingts du siècle dernier. Je suis sûre qu'elle m'aurait emballée si je l'avais lue à cette époque-là. Maintenant, c'est une autre affaire, je l'ai trouvée datée et je ne suis pas vraiment parvenue à m'attacher aux personnages ni à croire aux événements décrits. Toutefois, les personnages, qu'on les aime ou pas, et les rapports entre eux, sont traités finement, et sont crédibles, au moins en tenant compte de l'époque où l'action se déroule.
C'est une bonne idée que cette traduction en français, qui rend hommage à une autrice injustement oubliée et à une oeuvre intéressante pour l'histoire du genre. Les curieux l'apprécieront sans doute, comme les nostalgiques des années qu'elle évoque.
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