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Bota Bota - Itagaki, Paru

Mots clés : chronique avis manga seinen amour humour sang

Bota Bota est un seinen singulier, dérangeant par moments, mais profondément humain. À travers ce récit intimiste, Paru Itagaki explore les failles émotionnelles de son héroïne avec une justesse parfois inconfortable. On suit une jeune femme en proie à ses contradictions, à ses blessures intérieures et à un rapport à l’amour marqué par le doute et l’auto-sabotage.

L’histoire suit une jeune femme, Mako, qui enchaîne les relations amoureuses sans jamais parvenir à s’y sentir réellement épanouie. Prisonnière de son manque de confiance en elle, elle accepte des comportements blessants, confond dépendance affective et amour, et peine à définir ce qu’elle mérite vraiment. Au fil de ses rencontres, le récit dévoile son mal-être intérieur, ses pensées contradictoires et son besoin constant d’être aimée, même au détriment de son propre bonheur. Bota Bota n’est pas tant une histoire de romance qu’un portrait psychologique d’une femme cherchant à comprendre qui elle est et pourquoi elle reproduit sans cesse les mêmes schémas.

Lorsqu’elle retrouve un ancien camarade de classe, l’héroïne pense d’abord à une coïncidence presque rassurante. Il se montre attentionné, semble bien la connaître et affirme avoir toujours été amoureux d’elle. Touchée par cette déclaration et en manque de reconnaissance affective, elle se laisse progressivement entraîner dans cette relation qu’elle croit sincère.

Mais très vite, son comportement révèle une autre facette. Sous couvert d’amour, il exerce une forme de contrôle émotionnel : il culpabilise, rabaisse subtilement et joue avec ses insécurités pour la garder sous son influence. Ses paroles se contredisent, ses gestes deviennent étouffants, et son “amour” se transforme en un outil de manipulation. Cette relation met en lumière à quel point l’héroïne, par peur de la solitude et par manque d’estime d’elle-même, accepte des attitudes toxiques qu’elle n’aurait jamais dû tolérer.

Cette rencontre agit comme un révélateur brutal : ce n’est pas de l’amour qu’il lui offre, mais une domination déguisée, soulignant une fois de plus l’urgence pour elle d’apprendre à se respecter avant de chercher l’amour chez l’autre.

Le manga met en scène des relations imparfaites, souvent toxiques, et montre combien le manque d’estime de soi peut influencer nos choix sentimentaux. L’autrice ne cherche pas à embellir les choses : les situations sont brutes, parfois cruelles, mais toujours sincères. Cette approche donne au récit une vraie force émotionnelle, même si elle peut laisser le lecteur mal à l’aise.

La morale qui se dégage de ce one-shot est claire et pertinente : il faut s’aimer soi-même avant d’aimer quelqu’un d’autre. Le message est bien amené, sans être moralisateur, et résonne longtemps après la lecture. Malgré cela, je suis restée sur ma fin. J’aurais aimé voir l’héroïne évoluer différemment, la voir enfin rencontrer la bonne personne, quelqu’un capable de lui offrir une relation plus saine et apaisée. Cette absence laisse un goût d’inachevé, même si elle est sans doute volontaire.

Bota Bota n’est pas un manga facile, ni forcément réconfortant, mais il a le mérite d’aborder des thèmes rarement traités avec autant de franchise. C’est une lecture marquante, qui pousse à la réflexion et à l’introspection, même si elle ne comble pas toutes les attentes émotionnelles.

À noter que Paru Itagaki est également l’autrice du manga Beastars, œuvre emblématique qui a largement contribué à sa reconnaissance.

Editeur : Ki-oon
Lien présentation éditeur : http://www.ki-oon.com/news/827-bota-bota-ou-la-poursuite-du-bonheur.html
Année de publication : 2025
Année de 1e publication VO : 2025
Nombre de pages : 214
ISBN 13 : 979-10-3271981-7
ISBN 10 / ASIN : B0F7K5HPXX
Prix : 7,95
Devise : €
Illustration principale

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