Dans ce petit recueil de moins de cent pages, on pourra lire des textes de l'autrice des Mémoires d'Hadrien à propos de Virginia Woolf, bien sûr, mais aussi d'autres. C'est vraiment une bonne idée de la part de l'éditeur d'avoir extrait pour les rééditer ces essais critiques, déjà publiés dans le recueil En pélerin et en étranger il y a quarante ans.
Cela permet d'admirer l'acuité de Yourcenar, qui ne se trompait pas, en effet, en plaçant "Virginia Woolf parmi les quatre ou cinq grands virtuoses de la langue anglaise et entre les rares romanciers contemporains dont l'oeuvre a quelques chances de durer plus de dix ans.", car l'autrice des Vagues, en introduction duquel ces lignes étaient écrites en 1972, est toujours lue et étudiée de nos jours.
C'est également le cas, bien sûr, de Jorge Luis Borges, auquel est consacré l'essai le plus long de ce bref recueil, Borges ou le Voyant, abordé sous l'angle de la cécité du poète, puisque l'auteur du Livre de sable a perdu quasi totalement la vue à la cinquantaine. J'avoue rester cependant perplexe devant l'insistance de Yourcenar à évacuer le fantastique des contes de Borges : ses arguments sont intéressants, mais m'ont semblé découler davantage d'un préjugé contre le fantastique en soi que d'autre chose.
Enfin, ses deux essais sur Poussin, à l'occasion d'une exposition consacrée au peintre français à New York, et à Mozart, lors d'une visite à Salzbourg, suffiraient à démontrer, s'il en était besoin, son ample culture, et son intérêt pour les arts autres que celui qu'elle pratiquait elle-même.
Si ce format court, au petit prix, peut encourager des lecteurs ou lectrices qu'effraierait un gros recueil d'essais critiques à découvrir cette facette de Yourcenar, il aura bien joué son rôle. Il le mérite bien, car il est d'une lecture agréable par sa variété, et rapide.
Cette page est une version simplifiée pour les robots. Pour profiter d'une version humaine plus conviviale, cliquez ici.